Être ensemble

Une réflexion d’Eric Alary.

Depuis des décennies, les combattants réfléchissent au devoir d’obéissance et à la modernisation de l’appareil militaire. Certes. Toutefois, les combattants en formation dans les écoles militaires tout comme ceux plus aguerris des casernes et des Opex réfléchissent aussi au sens de leur engagement, un engagement ultime parfois, au service de la France. Les soldats, combattants ou non, officiers et sous-officiers sont des citoyens comme les autres. Sans armée, que serait la Nation ?

La Nation et l’Armée doivent continuer à réfléchir ensemble ou reprendre collectivement le dialogue autour du sens du sacrifice d’hommes et de femmes qui vivent au service de leur pays. Le lien entre l’armée et la nation doit être renforcé, non pas pour militariser la société, mais seulement pour réaliser que la paix n’est jamais totalement gagnée. L’Histoire le montre sans cesse. Les combattants les plus vaillants sont ceux qui sentent la force de la nation derrière eux quand il faut avancer vers l’ennemi. C’est à ce prix que la paix doit être chérie.

Penser la paix, c’est penser aussi la mort... et donc la vie. Ce rapport à la mort, à la vie, je l’ai rencontré aux Ecoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan, mais aussi dans les brigades de gendarmerie. Qui mieux que le combattant est tendu vers une philosophie particulière entourant sa propre existence ? La mort est proche, la mort est loin, mais elle est toujours là sur les champs de bataille, dans les déserts ou sur mer. Mais au fond, ce que nous retenons dans la société civile, c’est que quelques hommes et femmes, quelque part en France, en Europe et dans le monde veillent sur notre pays. Les combattants et la nation ne doivent jamais se tourner le dos. Il faut s’enrichir de nos parcours et de nos mutuelles différences sans esprit de rejet. Sachons nous en souvenir. Comme il faut avoir une pensée particulière pour les familles de combattants éreintées par les absences, par les blessures de celui ou de celle qui endosse l’uniforme, par les drames.

La fin du service national a distendu le lien Armée-Nation, mais les guerres récentes, non loin des frontières de la France, doivent nous obliger à intensifier – voire à le reprendre parfois- le dialogue. En toute quiétude. Soyons inventifs en ce mois de mars 2024 et dans les mois prochains. Nous avons besoin d’une armée confiante et d’une nation engagée à ses côtés, ce pour vivre en paix.

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Par 𝐄𝐫𝐢𝐜 𝐀𝐥𝐚𝐫𝐲, Professeur de Chaire supérieure en Histoire en classes préparatoires littéraires aux grandes écoles (Lycée Descartes de Tours) ; docteur de Sciences Po Paris en Histoire ; auteur de nombreux ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale en France.

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Patrice Franceschi