Une campagne de pub.
Un texte de Christophe Mory, écrivain, journaliste
Des affiches pour recruter du personnel dans l’armée fleurissent notamment dans les couloirs du métro. Une campagne fort réussie tant elle donne envie de rejoindre un régiment.
Elle rappelle d’abord que l’armée rassemble des jeunes gens : hommes et femmes forcément beaux car la jeunesse est belle par définition. On les voit en treillis ou barbouillés prêts à l’assaut ou encore attentifs sur un moteur, un écran, un radar, que sais-je encore pour exprimer l’expertise de la haute technologie. Elle dit ensuite que l’armée est un lieu de formation permanente et que les nombre de métiers y est considérable. Elle exprime enfin un respect pour le vivant.
Certes, les publicitaires ont le talent de transmettre le meilleur d’un produit. Ils ont réussi leur coup. Car au-delà de la nécessité de recruter en faisant rêver, ils donnent un portrait magnifique des militaires. Comme les danseurs et les athlètes, ils ont une carrière assez courte (à moins de monter dans l’Etat Major pour allier expérience et responsabilité). Cette brièveté incite au renouvellement, aux mouvements permanents des jeunes recrues. Et donc à un socle de disciplines, de compétences et de performances qui canalise les nouveaux. Sauver sa peau, c’est d’abord prendre soin de soi, de son corps, de son équipement, de ses collègues, frères d’armes.
Il est loin le temps des bidasses en folie quand l’armée était moquée par les conscrits. Aujourd’hui, l’armée de métier affiche convictions, déterminations, don de soi. Elle est aussi le seul groupe de professionnels où l’on apprend à chanter, pour unir les forces, se donner du courage ou simplement exprimer un bien être. On n’a jamais entendu un banquier entonner 𝐥𝐚 𝐌𝐚𝐝𝐞𝐥𝐨𝐧.
Les militaires chantent, et c’est bien mieux qu’une pub.
𝐂𝐡𝐫𝐢𝐬𝐭𝐨𝐩𝐡𝐞 𝐌𝐨𝐫𝐲 Auteur, chroniqueur journaliste culturel.
Dernière publication : les Contes énervés (éd de l’Harmattan)