2012, le désert sahélien, mon véhicule « Patrouille spéciale » (VPS), une dune, un excès d’enthousiasme. Le VPS a basculé dans le vide, j'ai cru que c'était toute ma vie qui basculait.

J'ai toujours été attiré par l'armée. Admiratif de mon grand-père ancien des compagnies sahariennes, je voulais servir mon pays, défendre nos valeurs. Porter le fer au loin pour que nos concitoyens vivent sereinement et défendre notre modèle de société démocratique. J'ai eu la chance d'intégrer le 1er RPIMa : les forces spéciales, opérer sur le terrain, réaliser des missions à caractère stratégique, une vocation.

Le véhicule a percuté la pente, s'est retourné. « ça y est, c'est râpé ! Paralysé ! Fini les filles ! ». Puis un « Ouf, je n'ai tué personne ! » Les gars ont parfaitement réagi. Je leur dois la vie.

Au réveil, mes copains et parents étaient là. Leur soutien indéfectible m’a porté dans ma nouvelle vie. Ils avaient saisi le sens et les risques de mon engagement. Puis se sont relayés mes camarades, le régiment, la CABAT. « L'institution sera là pour vous ! » m’a-t-on dit. L’institution fut là pour moi, et pour ma famille. On ne pense jamais assez à ce que peut vivre la famille d’un blessé, mais eux, si.

Maintenant, je « sers autrement ». J’anime la politique d’éducation à la défense. Dans ce monde incertain, il est impératif de sensibiliser nos 15 millions d’élèves et d’étudiants pour susciter l’esprit de défense et contribuer à notre sécurité nationale.

Tétraplégique à 24 ans, j’en ai maintenant 36. Je ne regrette rien. J’ai pu rebondir, m’adapter. Famille, amis, camarades, soignants, c’est grâce à eux que je suis là. « Il faut savoir rendre à la Nation ce que la Nation a consenti à notre égard » disait mon premier chef. Je continue à servir.

César

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César est un pseudonyme. Retrouvez son interview vidéo pour le Bleuet de France ici: https://www.youtube.com/watch?v=H1UyVybbVhA